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icon video 16/08/2022

Le télétravail source d’inégalité femmes-hommes ?

La crise sanitaire que nous avons traversée ces deux dernières années a accéléré la pratique du télétravail. Sa mise en place ne fut pas simple, installée dans l'urgence de la situation à laquelle nous faisions face. Elle a eu son lot de points négatifs, mais également positifs.

Nous ne reviendrons donc pas sur le bien-fondé de cette pratique pour les uns ou le manque d'anticipation dans sa gestion, pour les autres. Nous allons nous attarder sur la différence de traitement entre les hommes et les femmes sur la manière de pratiquer le télétravail. Les chiffres parlent d'eux-mêmes et une fois de plus l'égalité de la gestion du télétravail n'a pas été la même au sein du couple.

Rappelons-nous, le télétravail a surtout été mis en place, au départ, durant le premier confinement, pour palier la fermeture des établissements scolaires. En l’absence d’école et de garderie, les parents d’enfant mineur ont dû prendre en charge école à la maison, garde d’enfant et maintien d’activité. Il est à noter que 45 % des mères ont eu recours au travail à distance, soit 10 points de plus que les femmes sans enfant.

Jusqu’en 2020, le télétravail est le plus souvent pratiqué sans cadre précis, il est souvent le fruit d’arrangements individuels liés au bon vouloir du management, sa pratique est rarement contractualisée faute d'accord de branche. La crise sanitaire va lui donner un sérieux coup d'accélérateur ! Et les inégalités dans la répartition des tâches puis dans la gestion du télétravail n'ont pas tardé à apparaître dans une indifférence générale ; les employeurs avaient déjà suffisamment à faire sans mettre leur grain de sel dans l'organisation de la "vie privée" de leurs salariés.

Alors concrètement, comment le télétravail s'est-il traduit chez les femmes ?

Ça n'est pas un mystère, durant le confinement, les femmes ont continué d’assumer l’essentiel des tâches domestiques et parentales. La prise en charge des enfants a été davantage assurée par les femmes : globalement, 83 % des femmes vivant avec des enfants y ont consacré plus de 4 heures par jour contre 57 % des hommes (sources INSEE). Parmi les personnes ayant une activité professionnelle, les mères ont été deux fois plus nombreuses que les pères à renoncer à travailler pour garder leurs enfants. 45 % assuraient ainsi une « double journée » professionnelle et domestique, contre 29 % des hommes. La partie domestique de cette "double journée" prend en compte la durée hebdomadaire consacrée au travail domestique et parental. Pour une femme ce temps occupe en moyenne 34 heures par semaine, alors qu’un homme dans une situation similaire ne consacre que 18 heures au travail domestique et parental (source INSEE).

Les femmes sont ainsi 25 % à avoir travaillé exclusivement depuis leur domicile, contre 21 % pour les hommes.Elles ont été plus nombreuses à devoir faire face à la double contrainte de télétravailler tout en devant s’occuper de leurs enfants (87 % des femmes contre 76 % des hommes).

En travaillant à distance, c'est prouvé, les journées sont souvent plus longues et reconnues comme plus intenses, cette impression est en partie due au réinvestissement du temps de transports dans le travail et l'absence de pause avec les collègues (il est à noter aussi, que pour une majorité de femmes, le temps économisé sur le transport grâce au télétravail a été réinvesti dans des activités parentales).

Rien de surprenant si 24 % des femmes déclarent avoir vu leur temps de travail allongé, contre 20 % de leurs homologues masculins (DARES, 2021). En réduisant les frontières physiques entre activités professionnelles, domestiques et parentales, le télétravail rend la séparation entre ces différentes activités plus compliquées à gérer. Les femmes, qui ont consacré beaucoup plus de temps aux tâches domestiques courantes ont vu s’accroître la pression de ces dernières (Harris Interactiv, 2020). La suppression des frontières entre travail et vie personnelle s'est aussi traduite dans le domaine numérique. Les risques d’hyperconnectivité ont touché davantage les femmes, elles ont été plus nombreuses à déclarer avoir dû répondre directement aux sollicitations (Indeed, 2021) et une minorité à voir respecté leur droit à la déconnexion (UGICT, 2020). Cet empiétement sur le temps personnel s'est là aussi ajouté à la charge des tâches domestiques. De là à penser que certaines femmes auraient préféré retourner travailler dans les locaux de leur entreprise, il n'y a qu'un pas que nous ne franchirons pas.

Enfin, malgré les différences et les disparités évoquées plus haut, une majorité de personnes ayant expérimenté le télétravail durant la crise sanitaire souhaite poursuivre sa pratique. À nous de contribuer à corriger les inégalités femmes-hommes dans le cadre du télétravail.



Mlle Caroline HABAYE

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